Le bouc émissaire, le concept en contextes, Les médecins russes boucs émissaires,

Les médecins russes boucs émissaires,

une contribution rédigée par Natalia SACRE

dans le chapitre Bouc émissaire, la rencontre entre anthropologie et histoire,

chapitre 9 du livre Bouc émissaire : le concept en contextes, dirigé par Rémi CASANOVA et  Françoise-Marie NOGUES,

publié aux PUS, en octobre 2018

Le texte commence par ceci :

« La figure du médecin dans la conscience collective apparaît significative de par sa polysémie. Avec son double statut – spécialiste de la santé d’une part, et d’autre part confident – le médecin a accès à la fois au corps et à l’âme. Grâce à ses connaissances, il se retrouve souvent en situation de supériorité, à la fois marginal et doté de « qualités extrêmes ». Aux yeux de la société et indépendamment de l’époque historique, il peut être considéré, dans une belle antinomie, soit comme un sauveur, soit comme un démon – réputation qui peut d’ailleurs brusquement basculer. Comme le souligne René Girard (1982, p.74), « le maître de la vie ne fait qu’un avec le maître de la mort, en associant le pouvoir de guérir au pouvoir de rendre malade ». Face à ce phénomène de la figure ambivalente du médecin, plusieurs questions peuvent être posées. D’où vient le basculement du statut d’idole à celui de bouc émissaire ? Comment le médecin se retrouve-t-il dans cette dernière position, pour provoquer un tel mépris voire la haine, de la société ? » 

et se termine par ceci :

« L’Histoire de la conscience collective constituerait-elle donc un éternel retour ? Or, avec ce bref aperçu de la figure du médecin russe, bouc émissaire depuis cinq siècles, nous pouvons conclure que les méthodes d’exclusion changent, deviennent moins barbares, s’affinent mais restent finalement les mêmes car le but est toujours identique – persécuter voire éliminer afin de « réconcilier » pour « apaiser ». L’histoire du bouc émissaire s’éternise, ce phénomène de société reste d’actualité en Russie ou ailleurs.»

On y trouve notamment :

« En Russie, la perception de la figure du médecin, malgré ses particularités nationales, s’avère révélatrice en tant que victime dans le processus du bouc émissaire »

« Une autre raison de cette dévalorisation de la figure du médecin dans l’opinion publique renvoie à la réputation déliquescente des médecins, due aux épidémies de choléra qui ont secoué la Russie tout au long du XIXe siècle. »

« Les époques et les pays changent, le processus reste cependant intact. Le sort de ces médecins correspond aux principales étapes qui se développent autour du bouc émissaire : discrimination – stigmatisation – exclusion (Rémi Casanova, 2011) »

                                                                                

Natalia Sacré, auteur d'une contribution historique sur les médecins russes boucs émissaires

Natalia Sacré, auteur d’une contribution historique sur les médecins russes boucs émissaires

Natalia SACRE

Natalia Sacré est Docteure en littérature ; thèse (l’image du médecin dans la littérature russe (XIXs) Soutenue le 03-12-2011 à Paris 4 , dans le cadre de École doctorale Civilisations, cultures, littératures et sociétés (Paris). Membre associée : ERIMIT Équipe de recherche interlangues : mémoire, identités, territoires – EA 4327, université Rennes 2.

Bouc émissaire, le concept en contextes, un livre collectif dirigé par Rémi Casanova et Françoise-Marie Noguès

Bouc émissaire, le concept en contextes, un livre collectif dirigé par Rémi Casanova et Françoise-Marie Noguès